Religion : Nomination de Mgr Michel Moura comme Vicaire Apostolique de Rodrigues
L’île de Rodrigues accueille un nouveau Vicaire Apostolique en la personne de Mgr Michel Moura. Ce dernier a été nommé ce mercredi 20 décembre 2023 par le Pape François. Agé de 61 ans, il succède ainsi à Mgr Alain Harel, désigné premier Vicaire Apostolique de Rodrigues le 31 octobre 2002 par Mgr Maurice Piat.
Le père Moura occupe actuellement le poste de curé à la paroisse de Saint-Esprit, Bel Air. Depuis le 20 août dernier, il assume également les fonctions de Vicaire Episcopal pour la Famille (nomination de l’évêque de Port-Louis, Mgr Jean Michaël Durhône), de Directeur national des Œuvres Pontificales Missionnaires pour la CEDOI, en plus d’être conseiller spirituel national des Équipes Notre-Dame. Dans une lettre du 6 décembre 2023 reçue du Nonce Apostolique, le Saint-Père informe de la nomination du père Michel Moura en tant que nouveau Vicaire Apostolique de Rodrigues.
Cette nomination a été annoncée simultanément à Rome, à Rodrigues et à Maurice ce mercredi 20 décembre 2023. Elle est source de grande joie pour le diocèse de Port-Louis et pour le Vicariat Apostolique de Rodrigues. La population rodriguaise attendait avec impatience pendant ce temps de l’Avent, qui est aussi le temps de l’attente de la venue du Seigneur.
Le Chef de l’Église Catholique, Mgr Jean Michaël Durhône, a déclaré lors d’une conférence de presse tenue aux cotés de Mgr Moura, ce mercredi : ‘Michel et moi avons fait 3 ans de séminaire ensemble (2002-2005). Michel est un homme pratique, terre-à-terre, qui aime la bonne cuisine et qui cuisine très bien. Il est passionné par tout ce qu’il entreprend, passionné par les débats de société, et des fois, il s’emballe dans ses réflexions. Il aime se lancer dans des projets, il est curieux. Il a cette sensibilité des îles de l’Océan Indien, il est proche du peuple de Dieu à qui il veut faire connaître Jésus-Christ. Il aime l’Église.’
Par ailleurs, l’Évêque de Port-Louis a tenu à rendre grâce pour le père Jean Maurice Labour et le père Luc René pour leur amour pour Rodrigues et leur dévouement à servir le peuple rodriguais. Qu’ils soient ici remerciés, a-t-il souligné. Avant de rendre grâce pour tous les fils du sol qui ont accepté les appels successifs qu’ils ont reçus de l’Église pour être au service des hommes et des femmes, du peuple de Dieu, dans les îles de l’Océan Indien ou dans notre société mauricienne. ‘Je pense ici à Mgr Denis Wiehé, évêque aux Seychelles pendant 20 ans, Mgr Harel à Rodrigues et ensuite aux Seychelles, le Cardinal Margéot et le Cardinal Piat qui ont servi le diocèse de Port-Louis,’ a ajouté Mgr Jean Michael Durhône.
Rappelons que suite à une requête formelle de la Conférence Episcopale de l’Océan Indien (CEDOI) au Saint-Siège, l’Église de Rodrigues a été détachée du diocèse de Port-Louis et élevée en vicariat apostolique. L’annonce officielle et simultanée de ce changement de statut et de la nomination de Mgr Alain Harel comme premier évêque de Rodrigues a été faite à Saint-Gabriel le 31 octobre 2002 par Mgr Maurice Piat.
Le vicariat apostolique est une portion déterminée du peuple de Dieu qui, en raison de circonstances particulières, n’est pas encore constituée en diocèse et dont la charge pastorale est confiée à un Vicaire Apostolique qui la gouverne au nom du Pape.
Face à la presse, le nouvel évêque exprime sa joie de servir le peuple de Rodrigues
‘Ce n’est pas une reconnaissance ou un achievement,’ a expliqué le nouvel Evêque de Rodrigues qui évoque sa joie de servir le peuple de Rodrigues de manière paisible et durable. Répondant à une question de Le Xournal, Mgr Michel Moura affirme qu’il y aura une relation de continuité avec les autorités à Rodrigues, que ce soient les dirigeants ou l’Opposition. Tout se fera dans l’entente même s’il y aura des différences. Ce sera un travail concerté où il espère faire avancer les choses dans un climat de paix et de quiétude pour le progrès du peuple de l’île autonome.
Mgr Jean Michael Durhône a rappelé que les évêques sont liés entre eux et forment un collège. Il y aura une solidarité, une fraternité, d’autant que cela se rapproche de sa devise : ‘reçu gratuitement pour donner gratuitement.’
Michel Moura l’homme au parcours atypique
Né le 28 septembre 1962 à Vacoas, Michel Moura est le 7e enfant d’Emilie Louise et de Bénédict Moura, famille composée de 9 enfants – 7 garçons et 2 filles. Après le décès du père en 1974, la famille s’installe à Plaisance, Rose-Hill, où réside la famille du côté maternel. C’est là-bas qu’il termine sa scolarité primaire à l’école Plaisance Hugnin Gvt. Il intègre ensuite le lycée Léoville L’Homme à Rose-Hill pendant 6 ans avant de passer son HSC en 1982 au Collège Eden.
Michel Moura évoque ces années de collège comme ‘la découverte d’un monde dont je ne soupçonnais pas l’existence.’ En effet, Michel est le seul de sa famille à poursuivre des études secondaires. Il qualifie cependant ces années de ‘difficiles’ car de nature timide, il hésitait à aller vers les autres.
Mais, depuis tout petit jusqu’à la première communion et la confirmation, Michel Moura se rendait de façon irrégulière à la messe. Il confie que ‘la pratique des messes dominicales n’était pas une priorité pour les parents ; ils se préoccupaient davantage de trouver du travail pour nourrir et vêtir tout le monde.’ Les moments de prière se déroulaient alors à la maison, avec les parents ou les grands-parents. À l’adolescence, Michel Moura a connu ce qu’il appelle ‘une petite crise de foi,’ se rebellant contre tout, contre Dieu qui ‘laissait mourir, qui laissait la guerre perdurer.’
Puis, de 1983 à 1985, période où le taux de chômage a explosé à Maurice, Michel Moura a réussi à trouver quelques petits boulots : apprenti maçon, charpentier, coupeur de cannes, entre autres.
Ensuite, de 1983 à 1987, Michel Moura a séjourné à l’Institut pour le Développement et le Progrès (IDP), où, accompagné de Esham Rahman, Jean-Noël Adolphe et du père Robert Fleurot, entre autres, il a forgé son identité mauricienne et a développé une conscience vive de ses droits et devoirs en tant que citoyen. Cette période a également été très importante dans sa vie car il a noué de véritables amitiés avec des Mauriciens de toutes confessions religieuses. Malgré que l’IDP était un organisme d’église et malgré les diverses actions entreprises avec Sr Maud Adam et les jeunes de Plaisance-Stanley auprès des victimes de la drogue de la région, Michel Moura a maintenu ses positions concernant ses idées sur Dieu.
D’une île à l’autre : Agaléga… Rodrigues… Maurice
De 1985 à 1992, Michel a travaillé à la Poste. En 1992, il a postulé pour un emploi de clerc de comptabilité auprès de l’OIDC à Agaléga. Sa nouvelle vie à Agaléga l’a transformé. Dans le même temps, il a accepté l’invitation des Agaléens à participer à la Liturgie de la Parole le dimanche. Peu à peu, Michel a pris goût à l’évangile. Il a surtout été émerveillé par le fait qu’une petite communauté chrétienne maintienne, malgré ses maigres moyens, une présence d’église qui fait signe et permette à la foi de perdurer même en l’absence habituelle de prêtres et de religieuses. De retour à Maurice en 1994, il a repris son emploi à la poste et en 1996, il a suivi la formation Groupe 40 pour acquérir un ‘bagage religieux’ plus solide en vue de retourner à Agaléga. Durant ces années, sa manière de vivre sa foi a radicalement changé. Il a alors entrepris la démarche de découvrir, d’apprendre à connaître et à aimer Dieu.
Michel est parti pour Rodrigues en 1997, une occasion pour lui de prendre du recul par rapport à tout ce qui lui arrivait. Là-bas, il a pris le temps de prier, de se poser des questions et de faire un temps de discernement avec le père Mongelard.
À son retour à Maurice, une certitude s’est affirmée : il ne voulait plus faire carrière à la poste et envisageait sérieusement de consacrer sa vie au Seigneur.
Il est entré au séminaire à La Réunion en septembre 2000 pour son premier cycle d’études et a ensuite mis le cap sur Nantes pour le deuxième cycle en 2002. En 2004, il s’est replongé dans la vie de l’église en terre mauricienne, le temps d’un stage à l’église Saint-Sacrement, Cassis. Le 12 juin 2005, Michel a été ordonné diacre – l’étape ultime avant d’être ordonné prêtre – à Luçon, France.
Hors texte
Un fils du sol prend désormais la charge de Vicaire Apostolique de Rodrigues
– De 2002 à 2020, Mgr Harel a été Vicaire Apostolique à Rodrigues.
– En septembre 2020, le Pape François l’a nommé évêque de Port-Victoria, Seychelles. Lorsqu’un évêque d’un diocèse est nommé dans un autre diocèse, les procédures du Saint-Siège prévoient la possibilité de nommer un Administrateur Apostolique pour assumer la charge du diocèse ou du vicariat jusqu’à la nomination d’un nouvel évêque.
– En octobre 2020, le Cardinal Piat a nommé le Père Jean Maurice Labour comme Délégué avec pleins pouvoirs pour administrer le Vicariat Apostolique de Rodrigues jusqu’à ce qu’un Administrateur Apostolique soit officiellement nommé.
– En janvier 2021, au nom du Pape François, la Congrégation pour l’Évangélisation des peuples a nommé le Père Luc René Young Chen Yin (OMI) Administrateur Apostolique du Vicariat Apostolique de Rodrigues. Depuis lors, les procédures étaient en cours pour la nomination d’un Vicaire Apostolique pour Rodrigues.
Nominations dans l’Océan Indien :
– Mgr Alain Harel aux Seychelles en septembre 2020
– Mgr Jean Michael Durhône en mai 2023
– Mgr Chane-Teng à la Réunion en juillet 2023
– Mgr Moura à Rodrigues en décembre.
‘A travers ces différentes nominations, une nouvelle dynamique et un nouveau souffle nous sont donnés pour conduire l’Église dans l’Océan Indien, tout en reconnaissant l’héritage reçu de nos frères évêques, Mgr Aubry, Mgr Harel, Mgr Wiehé, Cardinal Piat et feu Cardinal Margéot. Je vous invite à porter Michel, Pascal et moi-même dans vos prières. Que nous puissions servir l’Église et les différentes îles à la manière du Christ, Bon Pasteur,’ a expliqué Mgr Durhône.