Robert Badinter, artisan de l’abolition de la peine de mort en France, est décédé à l’âge de 95 ans
- Il était plus que l’abolitionniste qui mit fin à la peine de mort. Il incarnait l’idée même de justice. Sa droiture morale, et sa détermination donnaient toute sa force à l’idéal humaniste.
Robert Badinter est décédé dans la nuit de jeudi à vendredi, à l’âge de 95 ans, a annoncé ce vendredi sa collaboratrice. L’ancien ministre de la Justice de François Mitterrand fut notamment l’artisan, en tant qu’avocat puis comme garde des Sceaux, de l’abolition de la peine de mort, votée par l’Assemblée nationale en octobre 1981. Militant pour les droits des homosexuels, Européen convaincu, Robert Badinter considérait la peine de mort comme une “honte pour l’humanité”.
Robert Badinter naît à Paris en 1928 dans une famille juive originaire d’Europe de l’Est. Son père, arrêté sous ses yeux en 1942 à Lyon, meurt en déportation dans le camp de concentration de Sobibor, en Pologne. Après des études de lettres et de droit, il devient avocat au barreau de Paris.
Inlassable partisan de l’abolition de la peine de mort, contre laquelle il plaida à de nombreuses reprises dans les
cours d’assises françaises, il devint en 1981 le ministre de la Justice de François Mitterrand, tout juste élu à la présidence de la République. Membre comme lui du Parti socialiste, il porta dans un climat hostile le projet d’abolition de la peine capitale promis par le candidat socialiste.
Ancien président du Conseil constitutionnel pendant neuf ans après son départ du gouvernement, sénateur socialiste de 1995 à 2011, il s’était investi jusqu’à son dernier souffle pour l’abolition universelle de la peine capitale, inscrite dans la Constitution française en 2007. Il était marié depuis 1966 à la philosophe Elisabeth Badinter, née Bleustein-Blanchet, avec qui il a eu trois enfants.
Des hommages unanimes
Depuis l’annonce de sa mort, les réactions en hommage à l’ancien garde des Sceaux pleuvent. “Avocat, garde des Sceaux, homme de l’abolition de la peine de mort. Robert Badinter ne cessa jamais de plaider pour les Lumières. Il était une figure du siècle, une conscience républicaine, l’esprit français”, a salué sur X le président de la République Emmanuel Macron.
“Les socialistes et la République perdent une immense figure”, s’est ému le Parti socialiste. Le PS rend hommage à l'”ardent défenseur des droits de l’homme, artisan de l’abolition de la peine de mort”. “Son combat pour la justice, restera une source d’inspiration inépuisable”, ajoute le parti.
L’actuel ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a salué en Robert Badinter un “immense avocat, garde des Sceaux visionnaire et courageux”, qui laisse un vide “incommensurable”. “Profondément épris de justice”, il “incarnait notre République et ses valeurs”.