Lutte contre le changement climatique en Afrique : l’ONU estime le déficit de financement à 2500 milliards $ d’ici 2030
La CEA plaide pour une réforme de l’architecture financière mondiale et une refonte du système d’évaluation du risque souverain des pays africains, afin d’aider le continent à mobiliser plus de fonds pour l’action climatique.
Le déficit de financement de la lutte contre le changement climatique en Afrique s’élèvera à 2500 milliards de dollars, d’ici 2030, alors que le continent qui a historiquement contribué le moins aux émissions de gaz à effet de serre subit de plein fouet les effets du réchauffement de la planète, a estimé la secrétaire exécutive adjointe et économiste en chef de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), Hanan Morsy (photo), lundi 4 mars 2024.
« Nous nous retrouvons dans un cercle vicieux où les déficits d’investissement augmentent le risque d’exposition et aggravent l’impact du changement climatique, érodant davantage la marge de manœuvre budgétaire et augmentant les coûts de financement », a-t-elle déclaré lors de la clôture de la réunion du comité d’experts en amont de la 56e Conférence africaine des ministres africains des Finances, de la Planification et du Développement économique (COM2024), tenue dans la station balnéaire zimbabwéenne de Victoria Falls du 28 février au 5 mars 2024.
« Bien que les émissions du continent soient faibles par rapport à celles des autres régions du monde, le changement climatique coûte aux pays africains 5 % de leur produit intérieur brut (PIB) chaque année », a-t-elle ajouté, indiquant que l’Afrique a besoin de 2800 milliards de dollars d’investissements dans les énergies propres, d’ici la fin de la décennie en cours.
Mme Morsy a également fait remarquer que l’incapacité des pays africains à mobiliser des financements suffisants pour lutter contre le dérèglement climatique s’explique par leurs niveaux d’endettement élevés.
« La situation est encore aggravée par une lourde dette publique des pays du continent qui dépensent plus pour le service de leur dette que pour l’action climatique, et paient des intérêts supérieurs de 1,7 point de pourcentage à la moyenne mondiale », a-t-elle souligné.
Pour réduire le déficit de financement de la lutte contre le changement climatique en Afrique, le secrétaire exécutif de la CEA, Claver Gatete, a plaidé pour une réforme de l’architecture financière mondiale et une refonte du système d’évaluation du risque souverain des pays africains.
« Nous devons nous attaquer au problème des perceptions injustes du risque et des notations de crédit qui offrent à l’Afrique des options d’emprunt limitées », a-t-il déclaré, tout en rappelant les données du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) qui estiment que les pays africains pourraient économiser jusqu’à 74,5 milliards de dollars si les notations de crédit étaient basées sur des évaluations moins subjectives.
En moyenne, chaque Africain a produit 1,04 tonne d’émission de dioxyde de carbone en 2021, soit moins du quart de la moyenne mondiale, selon un rapport conjoint de l’ONU et de l’Union africaine (UA) publié l’année dernière.
Ce même rapport révèle que le taux moyen de réchauffement en Afrique était de 0,3 degré celsius par décennie au cours de la période 1991-2022 contre 0,2 degré à l’échelle mondiale.