Burkina Faso : les autorités suspendent 7 médias, dont les agences panafricaines Apa news et Ecofin
Un rapport de l’ONG HRW accuse l’armée d’avoir tué plus de 220 civils dans deux villages en février 2024. Les autorités ne nient pas le massacre mais assurent qu’une enquête a été ouverte pour en déterminer les responsabilités.
Au Burkina Faso, le Conseil Supérieur de la Communication (CSC) a suspendu, le 27 avril, les médias français TV5 Monde, Ouest France, Le Monde, le média britannique The Guardian, le diffuseur allemand Deutsche Welle, le sénégalais Apa News et l’Agence Ecofin.
L’information a été rendue publique ce dimanche dans un communiqué du CSC où le régulateur reproche aux médias d’avoir repris les accusations de Human Rights Watch contre l’armée burkinabé. L’ONG accuse les soldats burkinabés d’avoir tué 220 civils en février.
Le CSC avait déjà suspendu BBC Africa et Voice of America, le 25 avril pour avoir évoqué cette accusation dans des reportages. « Le CSC a décelé dans le contenu des reportages d’énormes déclarations péremptoires et tendancieuses contre l’armée burkinabè sans éléments de preuve tangible […]. Cette approche porte atteinte aux principes cardinaux du traitement de l’information, en ce qu’elle constitue une désinformation de nature à porter le discrédit sur l’armée burkinabè », avait déclaré le communiqué de presse du CSC pour BBC Africa et Voice of America. Ces éléments de langage ont été repris dans le communiqué du 27 avril. La seule différence se trouve au niveau des sanctions.
Comme BBC Africa et Voice of America, TV5 Monde est suspendu pendant 2 semaines au Burkina Faso. Son site internet, par contre, ainsi que ceux de tous les autres médias cités par le communiqué sont suspendus « jusqu’à nouvel ordre ». Le CSC a également interdit aux médias burkinabés de reprendre les contenus « tendancieux » de ces médias.
Concernant les accusations de HRW envers l’armée, le gouvernement burkinabé s’est exprimé le 27 avril dans un communiqué de la primature. « Le Gouvernement du Burkina Faso rejette et condamne fermement de telles accusations infondées. La campagne médiatique orchestrée autour de ces accusations démontre à souhait le dessein inavoué de ces auteurs qui est de jeter le discrédit sur nos forces combattantes », mentionne le document.
« Les tueries de Nodin et de Soro ont donné lieu à l’ouverture d’une enquête judiciaire, en atteste le communiqué du Procureur du Faso près le Tribunal de grande instance de Ouahigouya, en date du 1er mars 2024 », mentionne le document.
Le gouvernement reconnait donc l’existence de « tueries » à Nodin et Soro, même si jusque-là, aucun chiffre n’est fourni et aucune responsabilité mise en cause.