L’Afrique avance dans l’adoption du vaccin anti-palu : le point santé hebdomadaire



Cette semaine dans l’actualité santé est marquée par des avancées et des défis face au paludisme : trois nations d’Afrique de l’Ouest vont étendre la vaccination, alors que la Côte d’Ivoire se prépare à recevoir ses doses. Pendant ce temps, le Cameroun célèbre une baisse significative du taux de mortalité liée au plasmodium… Sur d’autres fronts, la RDC fait face à une flambée de mpox dans l’Equateur, tandis que le Nigeria enquête sur des décès mystérieux d’enfants dans le Nord…

Vaccin anti-palu : trois pays d’Afrique de l’Ouest vont passer à l’échelle

Trois pays d’Afrique de l’Ouest, le Bénin, le Libéria et la Sierra Leone, vont déployer à grande échelle le vaccin antipaludique RTS,S sur leur territoire, ciblant des millions d’enfants. Cette initiative a été annoncée hier jeudi 25 avril, à l’occasion de la Journée mondiale du paludisme. Les trois pays rejoindront ainsi cinq autres pays du continent dans la fourniture de ce vaccin.

Au Bénin, le ministre de la Santé, le Professeur Benjamin Hounkpatin, a souligné que l’introduction de ce vaccin constitue une avancée majeure dans la lutte contre cette maladie parasitaire. Le pays a reçu 215 900 doses et a ajouté la formule à son Programme élargi de vaccination. Le vaccin doit être administré selon un calendrier de 4 doses chez les enfants dès l’âge d’environ 5 mois.

Au Libéria, le vaccin a été déployé dans le comté de Rivercess, avec l’objectif de toucher au moins 45 000 enfants. La ministre de la Santé, le Dr Louise Kpoto, a souligné pour sa part l’importance de cette initiative pour mettre fin aux ravages du paludisme chez les enfants.

Enfin, en Sierra Leone, on prévoit d’administrer 550 000 doses dans tout le pays.

De son côté, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a naturellement salué ce dernier développement, relevant l’importance d’une réponse coordonnée pour protéger les enfants et réduire la charge de la maladie dans la région. Deux vaccins sont aujourd’hui validés et recommandés par l’agence onusienne, le RTS,S et le R21.

Répartition des décès dus au paludisme dans le monde.

Notons que ce déploiement progressif du vaccin dans les pays du continent continue avec avancée, notamment dans un contexte sub-saharien où le continent concentre près de 95% de tous les décès dus à cette maladie en 2022. En particulier, onze pays subsahariens portent environ 70% du fardeau mondial du paludisme, selon les données disponibles.

« La région africaine prend des mesures positives pour étendre le déploiement du vaccin antipaludique – un élément décisif dans notre lutte contre cette maladie mortelle”, a déclaré le Dr Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. “En collaboration avec nos partenaires, nous nous engageons à soutenir les efforts en cours pour protéger et sauver la vie des jeunes enfants et réduire la charge du paludisme dans la région. »

Lutte contre le paludisme : la Côte d’Ivoire reçoit bientôt le vaccin

La Côte d’Ivoire se prépare à emboîter le pas à ses voisins, en recevant le vaccin contre le paludisme. Selon le directeur-coordonnateur du Programme national de lutte contre le paludisme, Dr Méa Tanoh Antoine, la vaccination débutera dès le mois de juillet prochain, ciblant en premier lieu les enfants de moins de cinq ans. Dans l’annonce, également faite en prélude à la Journée mondiale de lutte contre le paludisme, l’accent a été mis sur l’équité en matière de santé et l’accès aux soins pour tous les Ivoiriens, avec une attention particulière portée aux régions les plus touchées comme Bouaké. « Il ne faudrait pas qu’une population soit oubliée dans la prise en charge », a exhorté Dr Méa. En Côte d’Ivoire, le paludisme demeure un important problème de santé publique. Ainsi, sur 100 cas qui viennent en consultation, 33 personnes sont liées au paludisme.

Le Cameroun enregistre une baisse significative du taux de mortalité liée au paludisme

Au Cameroun, le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) a relevé une baisse du taux de mortalité liée à la maladie en cinq ans, entre 2019 et 2023. Lors d’une conférence de presse en marge de la 17e Journée mondiale de lutte contre le paludisme, le Programme a montré une diminution de 64% du taux de mortalité qui passe de 17,7 à 6,3 pour 100 000 habitants exposés au paludisme.

Ceci étant, cette tendance encourageante cache des défis encore importants. En 2023, le pays d’Afrique centrale a enregistré plus de 4,8 millions de cas suspects de paludisme, avec plus d’un million de cas classés comme graves, dont 32% concernaient des enfants de moins de 5 ans. D’après les données du ministère de la Santé publique, en cette même année, « 28 % de motifs de consultations (10 617 542 personnes ont été reçues en consultations dans les formations sanitaires, dont 2 977 754 cas de paludisme confirmés) », et la maladie représente près de 8% des hospitalisations, et plus de 7 % des décès enregistrés, dans les formations sanitaires.

RDC : Flambée mortelle de mpox avec plus de 250 décès dans l’Équateur

Plus au Sud, dans le plus grand pays de la région sous-région, on continue à se battre contre le mpox (la variole du singe ou encore monkeypox). Ainsi, en République Démocratique du Congo (RDC), dans la province de l’Équateur, la maladie a causé plus de 250 décès en l’espace de quatre mois, selon la division provinciale de la santé. Avec plus de 2500 cas notifiés, la zone de santé de Lotumbe est la plus touchée, enregistrant plus de 2 120 cas.

Cette maladie contagieuse, et potentiellement mortelle, s’est propagée dans 17 des 18 zones de santé de la province. La zone de santé de Mbandaka a également vu une hausse alarmante des cas, avec plus de 60 infections et plusieurs décès, dont celui d’un infirmier de Lingunda. Pour faire face à cette crise, le gouverneur de la province a officiellement déclaré une épidémie de mpox. Ce dernier appelle à respecter les mesures d’hygiène de base et demande à la population de signaler tout symptôme aux centres de santé locaux.

 

Mystérieuses morts d’enfants au Nigeria : des soupçons d’empoisonnement aux métaux lourds

Au Nigeria, une enquête est en cours alors que des cas de décès inexpliqués d’enfants suscitent l’inquiétude dans trois villes du pays. Le Centre nigérian de contrôle et de prévention des maladies (NCDC) a lancé une enquête après le décès de 164 enfants âgés de 4 à 13 ans dans l’État de Sokoto. La maladie, d’abord signalée à Sokoto et Zamfara, s’est propagée à Kaduna.

Le directeur général du NCDC, Dr Jide Idris, a tenu une réunion d’urgence avec les commissaires à la santé des États concernés pour élucider la cause et atténuer l’impact. « À ce jour, un total de 196 cas suspects de la maladie inconnue avec 7 décès ont été signalés dans les zones de gouvernement local d’Isa, Sabon Birni et Ilella de l’État de Sokoto. Les résultats des analyses sur les différents échantillons envoyés aux différents laboratoires partenaires, notamment NIPRID, NAFDAC et NIMR, sont attendus », indique le communiqué. « Suite à des signalements de cas similaires dans l’État de Zamfara, une autre équipe nationale d’intervention rapide sera déployée cette semaine pour évaluer la situation et fournir un soutien à l’État. »

Pour l’heure, la pathologie est « soupçonnée d’être un empoisonnement aux métaux lourds potentiellement lié aux activités minières », indique un communiqué officiel. Des équipes d’intervention rapide ont été déployées pour évaluer la situation. Les communautés sont exhortées à signaler tout symptôme suspect.

Au Soudan, les autorités de Sennar, au Sud-Est du pays, se préparent à lancer une vaste campagne de vaccination contre la rougeole et la rubéole, visant à protéger plus d’un million d’enfants dans l’est du pays. La campagne de six jours débutera demain, avec pour objectif de vacciner environ 1 360 500 enfants de l’État. Lors d’une réunion conjointe du Conseil des ministres de l’État et du comité de sécurité, le gouverneur de Sennar, Tawfig Mohamed, a souligné l’engagement total des autorités pour assurer le succès de la campagne. Des mesures de sécurité renforcées sont également prévues, avec le déploiement de policiers dans toutes les localités. Ghazi El Garray, responsable de l’immunisation au ministère de la Santé de Sennar, a appelé à une collaboration entre autorités et population pour garantir le succès de la campagne. Cette opération fait suite à une augmentation des cas de rougeole, signalée notamment par Médecins Sans Frontières en 2023.

Situation de la poliomyélite dans trois pays d’Afrique

Dans une mise à jour hebdomadaire, l’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite a signalé que trois pays africains ont enregistré des cas de poliovirus sauvage (VPS) et de poliovirus dérivé du vaccin (PVDV) la semaine dernière. Le Tchad a confirmé un cas de PVDV2, le premier en 2024, tandis que la République démocratique du Congo a signalé un cas de PVDV1, également le premier cette année. Au Nigeria, un cas de PVDV2 a été confirmé la semaine dernière, marquant le huitième cette année. En 2023, le Nigeria a enregistré 87 cas de PVDV2. Les CDC américains ont publié des avis de voyage pour ces pays, recommandant une vaccination complète avant de s’y rendre.

Posted by on May 2 2024. Filed under Monde. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. You can leave a response or trackback to this entry

Leave a Reply

Search Archive

Search by Date
Search by Category
Search with Google

Photo Gallery

Copyright © 2011-2016 Minority Voice. All rights reserved.