Législatives 2024 : les résultats du 1er tour en sept points clefs
Une participation au plus haut, le RN largement en tête, la déroute du camp Macron, la résistance de la gauche… Le point sur un scrutin historique.
Le Rassemblement national de Marine Le Pen et Jordan Bardella est arrivé largement en tête ce dimanche 30 juin, lors du premier tour des élections législatives. En position d’obtenir une majorité le 7 juillet prochain, le RN risque toutefois d’être mis en difficulté par les désistements attendus dans de nombreuses circonscriptions, alors que toute la soirée la question du désistement face au RN a agité les états-majors parisiens.
- Le RN largement en tête, possible majorité absolue
Pour la première fois dans l’histoire de la Ve République, le Rassemblement national est arrivé en tête lors d’élections législatives avec 34 % des suffrages, selon les estimations d’OpinionWay. Le parti créé en 1972 (sous le nom du Front national) est en passe d’obtenir une majorité relative ou absolue au second tour le 7 juillet. Tout dépendra des configurations du second tour et notamment d’éventuels désistements du Nouveau Front populaire et de la majorité présidentielle.
Selon les projections d’OpinionWay, le RN et ses alliés pourraient obtenir le 7 juillet entre 250 et 300 sièges. En cas de majorité absolue au second tour (289 sièges), Jordan Bardella pourrait être nommé à Matignon et deviendrait alors le Premier ministre de cohabitation d’Emmanuel Macron.
- Le Nouveau Front populaire deuxième, la victoire s’éloigne
L’alliance de gauche obtient 28 % des suffrages et se classe deuxième des élections, avec des bons résultats dans les villes de plus de 100.000 habitants (en tête à Strasbourg, Toulouse, Nantes, à l’est de Paris), dans les banlieues, mais beaucoup moins dans les zones rurales. Selon OpinionWay, le Nouveau Front populaire pourrait obtenir entre 130 et 170 sièges, loin de la majorité des 289 sièges. A titre de comparaison, la Nouvelle Union populaire écologique et sociale avait obtenu 151 sièges en 2022.
- La majorité présidentielle en déroute
Le pari d’Emmanuel Macron de provoquer un sursaut à la suite de la dissolution est perdu. Malgré un score plus important qu’aux européennes (22 % aux législatives contre 15 % le 9 juin), le chef de l’Etat voit son parti et ses alliés ne prendre que la troisième place de ces législatives. Selon OpinionWay, Emmanuel Macron peut espérer obtenir entre 65 et 105 députés. Un score qui le placerait au niveau du PS en 1993, qui avait terminé à 68 sièges à l’Assemblée après les législatives (soit une baisse de 209 sièges). Emmanuel Macron, lui, verrait sa majorité de 245 députés devenir une minorité, et peut-être la troisième force de l’Assemblée. Ses dernières zones de force sont en Bretagne, en Haute-Savoie, et dans la petite couronne bourgeoise parisienne (Hauts-de-Seine, Yvelines, ouest de Paris).
Le parti présidentiel n’est pas le seul à perdre du terrain. Divisé par l’alliance d’Eric Ciotti avec le RN, LR a obtenu 9,6 % des voix au premier tour des législatives , selon les estimations d’OpinionWay, confirmant sa relégation comme mouvement politique de second plan.
- Un taux de participation au plus haut depuis 1997
Du jamais vu depuis 27 ans. Ce dimanche 30 juin, la participation a atteint 67,5 %, selon OpinionWay, soit un niveau quasi-équivalent à la dissolution de 1997 (67,9 %). Par rapport aux européennes du 9 juin, le sursaut de mobilisation est également perceptible (+17 points).
- De nombreux candidats RN élus dès le premier tour, Roussel battu
En raison de la forte participation, plus d’une soixantaine de candidats ont été élus dès le premier tour, selon Ipsos. C’est notamment le cas des candidats du RN qui bénéficient d’un raz de marée dans les zones rurales. Dans l’Aisne, quatre candidats RN sur cinq ont été élus dès ce 30 juin. Dans le Pas-de-Calais, c’est le cas de six candidats sur douze. Record historique, 40 candidats du RN ont été élus dès le premier tour. Plus de 20 élus du Nouveau Front populaire n’auront également pas à affronter de second tour. Ce sera le cas de seulement deux élus de la majorité.
Les personnalités élues, battues ou en ballotage au premier tour
Parmi les personnalités élues dès le premier tour, on trouve Marine Le Pen (RN), Julien Odoul (RN), Sébastien Chenu (RN), Olivier Faure (NFP), Mathilde Panot (NFP), Manuel Bompard (NFP), Sophia Chikirou (NFP), Danièle Obono (NFP).
Dans une circonscription très rurale et populaire (taux de pauvreté à 23 %) du Nord, Fabien Roussel (PCF), l’un des concepteurs du Nouveau Front populaire, a, lui, été battu dès le premier tour par le candidat du RN. La circonscription était détenue par le Parti communiste depuis 1962.
- Un nombre record de triangulaires
Face une situation de forte participation et d’éclatement en trois blocs au-dessus de 20 %, le nombre de triangulaires atteint un niveau inédit à l’occasion de ces élections législatives. On en compte entre 285 et 315, selon l’Ipsos. Le précédent record était de 76 en 1997, avec la présence de nombreux candidats FN au second tour, ce qui avait mécaniquement favorisé la victoire de la gauche. Cette fois, de nombreux désistements sont à prévoir. Les candidats ont jusqu’à mardi 18 heures pour déposer leur candidature en préfecture.
- Des désistements qui peuvent faire basculer le second tour
Face à cette situation inédite de centaines de triangulaires et la présence du RN au second tour dans de très nombreuses circonscriptions, les partis de la majorité ont donné des instructions en ordre dispersé. Sur la question des désistements, Emmanuel Macron n’a pas donné de consigne claire, estimant que « face au Rassemblement national, l’heure est à un large rassemblement clairement démocrate et républicain pour le second tour ». De son côté, Gabriel Attal (Renaissance) a indiqué que « pas une voix ne doit aller au Rassemblement national » au second tour.
L’ancien Premier ministre, Edouard Philippe (Horizons), a, lui, opté pour un ni-ni. Ni RN, ni LFI, estimant qu’« aucune voix » ne devait « se porter sur les candidats du Rassemblement national, ni sur ceux de la France insoumise ».
A gauche, le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a annoncé des désistements « dès lors qu’il y a un risque de faire élire un candidat de l’extrême droite ». Le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a indiqué qu’il « retirera » ses candidatures dans les circonscriptions où le Nouveau Front populaire est arrivé en troisième position et où le Rassemblement national (RN) est en tête, sans préciser quand le RN est en deuxième position…
De leur côté, les Républicains ont refusé de donner une consigne de vote : « Là où nous ne sommes pas présents au second tour, considérant que les électeurs sont libres de leur choix, nous ne donnons pas de consigne nationale et laissons les Français s’exprimer en conscience ».