Meurtre de Ras Michael Ambolam sous le pont Lataniers …véritable casse-tête pour les enquêteurs de la CID de Port Louis Nord
- Les deux suspects arrêtés, Jean Jessy Allas et Cedric Billyjoe Jacques s’accusent mutuellement
- Un troisième suspect recherché
Les enquêteurs de la Criminal Investigation Division de Port Louis Nord, menés par l’inspecteur Lullith, poursuivent leurs enquêtes en vue de faire la lumière concernant le meurtre de Ras Michael Dan Ambolam, retrouvé mort ce mercredi 11 juillet, sous le pont Latanier, à Ste-Croix. Le rapport d’autopsie et les premières investigations, suggèrent que l’habitant de la localité, âgé de 36 ans, a succombé à une fracture du crâne, après avoir été sauvagement agressé avec un gourdin. Jusqu’à présent deux suspects ont été arrêtés dans le cadre de cette affaire alors qu’un autre est actuellement recherché. Cependant, l’auteur du meurtre du trentenaire et son mobile demeurent des mystères alors que les deux suspects se renvoient la balle dans la culpabilité du meurtre.
Au poste de police d’Abercrombie, l’interrogatoire des deux suspects, notamment Jean Jessy Allas, 38 ans et Cedric Billyjoe Jacques, 33 ans, se poursuit. Les enquêteurs de la brigade criminelle attendent également des résultats d’analyses scientifique pour progresser dans leur enquête. Celle-ci concerne des prélèvements faits sur les vêtements des deux amis, ainsi que des analyses d’empreintes d’ADN sur le gourdin maculé de sang. Les enquêteurs ont également demandé à ce que Jean Jessy Allas soit examiné par des psychologues. C’est lui qui avait initialement alerté la police au sujet de ce meurtre, affirmant dans sa version, qu’il s’était endormi après une soirée arrosée et s’est reveillé devant le corps inerte de son ami de longue date.
Découverte macabre
Selon les renseignements de la police, c’est vers 23 heures que cette agression mortelle aurait eu lieu. Mais ce n’est que vers 4 heures que les policiers du poste d’Abercrombie ont vu débarquer Jean Jessy Allas. Ce dernier avait du sang sur ses vêtements. Il a initialement expliqué aux agents qu’il dormait sous le pont et qu’à son réveil, il aurait été surpris de voir son ami Ras Michael Dan Ambolam au sol, inconscient et couvert de sang. Il ne respirait plus.
Sans perdre un seul instant, les policiers se sont rendus sur place. Ils ont effectivement retrouvé le trentenaire allongé sur le côté, tenant un bâton dans une main. Son décès a été constaté. Entre-temps, les enquêteurs de la Criminal Investigation Division de Port Louis Nord, menés par l’inspecteur Lullith et les éléments du Scene of Crime Office, ont été dépêchés sur le lieu de cette découverte macabre.
Les policiers ont tout de suite suspecté qu’il avait été victime d’une agression mortelle. D’ailleurs, l’autopsie de la victime, pratiquée par le Dr Prem Chamane, a révélé qu’il a succombé à une fracture du crâne causée par les coups reçus à la tête, ce qui a confirmé un cas de meurtre.
Arrestation Jean Jessy Allas
Ensuite, Jean Jessy Allas a été conduit en salle d’interrogatoire, soupçonné d’être l’auteur de cette agression. Les limiers ont commencé par vérifier les antécédents de celui qui se disait être l’ami de la victime. Ils ont découvert que Jean Jessy Allas est fiché comme récidiviste et qu’il détient à son actif plusieurs cas d’agression et de vol. Lors de son audition, il a expliqué que la victime et lui avaient bu sous le pont Latanier. Jean Jessy Allas a précisé que cela faisait trois jours qu’il s’y était installé. Mais par la suite, ses propos sont devenus incohérents.
Il a affirmé avoir fait un rêve où il voyait quatre individus s’en prendre à la victime. Une version des faits qui n’a pas convaincu les hommes du SP Sam Bansoodeb. Jean Jessy Allas a été menotté. Au cours de la journée, il a comparu en cour de district de Port-Louis sous une accusation provisoire de meurtre avant d’être conduit en cellule policière.
Passionné de musique
Pendant ce temps, les proches de Ras Michael Dan Ambolam ont été alertés de ce drame. « Je suis allée à la morgue pour le voir. Il avait la tête en sang et était gravement atteint. Ils l’ont sauvagement agressé », déclare sa sœur Virginie, l’aînée de la fratrie. Cette dernière explique que la victime, un célibataire, vivait chez sa mère, Marie Noëlle, à Paul Toreau, Sainte-Croix. Il était le cadet d’une fratrie de huit frère et sœur et ne manquait jamais une occasion d’être auprès de sa famille. « Nous partagions beaucoup de choses ensemble. Kan li pa lakaz kot nou mama, swa li vinn kot mwa ou kot mo ser » fait ressortir Virginie, le cœur lourd.
Elle avance que son frère était très intelligent et vouait une passion pour la musique. « Il adorait chanter. Mon père est un chanteur connu. Il a baigné dans cet univers depuis son enfance. Dès qu’il le pouvait, il prenait sa guitare et il chantait », raconte sa sœur avec le sourire. Il n’a pas fait carrière, mais était rempli de talent, ajoute Virginie. Souvent, quand il rentrait, il fredonnait une chanson.
Selon Virginie, son frère n’a jamais eu de problèmes avec quiconque et était une personne très calme. Elle soutient que son frère n’était pas SDF ni se droguait mais travaillait honnêtement pour arrondir ses fins de mois. Le trentenaire effectuait des petits boulots et, depuis un moment, il travaillait comme aide-chauffeur pour un transport de livraison, dit-elle. Cependant, ce dernier aimait passer du temps avec ses amis de la localité pour prendre quelques verres.
Dernier jour vivant
Depuis ce drame, Virginie ne peut s’empêcher de repenser à la veille de cette disparition subite. Elle se souvient que mardi matin, Michael était venu la voir. « il était dans un combi et m’a demandé de l’argent pour acheter des cigarettes. Nous avons parlé et il est allé travailler. je ne me doutais pas que c’était la dernière fois que je le voyais en vie. Pour sa part, Marie Noëlle, la mère du défunt raconte qu’elle faisait le lit dans la matinée de mardi lorsque Michael est arrivé. « Il m’a demandé un peu de thé. Il m’a ensuite dit qu’il allait au travail et que nous nous verrions plus tard », explique sa mère. Mais Michael n’est jamais rentré.
Ami d’enfance
Selon les faits, Ras Michael Dan Ambolam, est parti travailler ce jour-là, ensuite il est allé rejoindre son ami Jean Jessy Allas. Les deux se connaissaient depuis de nombreuses années. « Depi zanfan mo frer konn Allas » soutient Virginie. D’ajouter qu’au fil des années, ils sont restés amis, malgré que chacun vivait sa vie de son côté et que Jean Jessy Allas a beaucoup déménager, notamment à Résidences Anoska, à Forest Side et autre. Cependant « Depi sa de trwa zour-la zot ti ansam. Zot abitie al bwar », précise Virginie. Les obsèques de Ras Michael Dan Ambolam sont prévues pour ce jeudi après-midi. « Ceux qui lui ont fait cela doivent payer.», insiste sa mère Marie Noëlle.
Interrogatoire
Ce jeudi 11 juillet, face aux hommes du surintendant de police (SP) Sam Bansoodeb, Jean Jessy Allas a encore nié toute implication dans le meurtre de son ami. Il a rejeté avec force les accusations retenues contre lui malgré qu’il a été confronté à des pièces à conviction retrouvées sur les lieux du crime, notamment le gourdin avec des traces de sang. La police a réclamé des explications à cet effet au suspect. Mais Jean Jessy Allas est demeuré évasif dans ses propos.
Lors de l’interrogatoire du suspect par les hommes du Detective Inspector (DI) Lullith et du sergent Abdool de la CID de Port-Louis Nord, Jean Jessy Allas a affirmé avoir découvert le corps du défunt à son réveil dans la nuit. Il a raconté que plus tôt, son ami et lui étaient partis s’acheter du rhum et de la drogue synthétique. Après une soirée arrosée, le suspect dit s’être endormi sous le pont Lataniers aux côtés du défunt. Sauf qu’à son réveil, il a aperçu le corps sans vie de Ras Michael Ambolam à ses côtés.
Il a précisé avoir vu des blessures et des traces de sang sur le corps de la victime. Ainsi, Jean Jessy Allas a raconté s’être immédiatement rendu au poste de police d’Abercrombie pour donner l’alerte. Or, la police soupçonne fortement que ce dernier serait mêlé à la mort du SDF de 36 ans. Les enquêteurs ont demandé à ce que le suspect soit examiné par des psychologues.
Un second suspect en détention
Dans l’après-midi de vendredi, les enquêteurs ont arrêté un autre suspect dans le cadre de cette affaire. Il s’agit de Cedric Billyjoe Jacques, un habitant de la localité, agé de 33 ans. Il est suspecté d’avoir participé à ce meurtre. Lors de son interrogatoire par l’inspecteur Lullith et le sergent Abdool, il a expliqué qu’il était avec les deux hommes sous le pont et que ces derniers se disputaient. « Zot ti pe laguer akoz simik », a-t-il dit aux policiers. Le ton serait monté et il serait parti. Il n’aurait pas assisté à la suite des événements tragiques. Ce dernier a été inculpé devant la Bail and Remand Court ce samedi.
A savoir que Jean Jessy Allas a aussi été entendu vendredi. Il prétend désormais que c’est Cedric Billyjoe Jacques qui a agressé Ras Dan Michael Ambolam. Il lui aurait cogné sa tête contre le mur, a-t-il dit. Un troisième suspect est recherché par les limiers. L’enquête policière se poursuit sous la supervision du surintendant Bansoodeb et de l’assistant-commissaire Oozeer.