L’Espagne ramène le foot à la casa !
Buts : Williams (47e), Oyarzabal (86e) pour l’Espagne // Palmer (73e) pour l’Angleterre
Les plus anciens ont connu 1964, les autres avaient largement pu se contenter de 2008 ou de 2012 – sans oublier entre les deux le Mondial 2010. Voilà désormais l’Espagne également sacrée championne d’Europe en 2024. La seule nation à désormais compter quatre championnats d’Europe à son palmarès, l’équipe européenne la plus titrée du XXIe siècle, et surtout la meilleure équipe de A à Z lors de cet Euro allemand. L’Espagne a toujours prôné le jeu, et seulement le jeu, et à la fin, c’est elle qui rit, tandis que les cyniques n’ont plus que leurs yeux pour pleurer, à Berlin ou à Paris. Comme un symbole, c’est Giorgio Chiellini, le cauchemar des Anglais lors de la précédente finale en 2021 et des Espagnols en demies cette même année, qui a transmis le témoin à Dani Carvajal et logiquement couronné l’Espagne, au-dessus d’une Angleterre une nouvelle fois trop lente au démarrage.
Un démarrage en douceur
C’est peu de le dire que cette finale avait démarré en dilettante, dans un schéma qui était attendu : ballon et réflexion pour l’Espagne, défense, défense et défense pour l’Angleterre. À ce petit jeu, ce sont d’ailleurs les coéquipiers de Harry Kane qui sont les meilleurs, parvenant à bloquer la grande majorité des espaces et à ne rien concéder, ou presque, aux troupes de Luis de la Fuente. Il faut attendre la toute fin de la première période pour se mettre un peu de croquant sous la dent, avec un tacle glissé de Marc Guéhi pour dégoûter Álvaro Morata d’un côté, et une reprise sur un pas de Phil Foden dans les bras d’Unai Simon de l’autre.
C’est peu, trop peu, pour une finale d’Euro qui va s’emballer diablement dans les minutes qui suivront. Alors qu’elle cherche à s’extirper de cette tension palpable qui paralyse un peu ses jambes, l’Espagne démarre le deuxième acte par une mauvaise nouvelle avec la sortie sur blessure de Rodri. Mais cette Roja est transfigurée, de nouveau en rythme et sa première frappe cadrée sera la bonne : percée fulgurante de Lamine Yamal côté droit, le ballon arrive côté gauche sur Nico Williams qui fait pleurer Jordan Pickford (1-0, 48e). Ça y est, le match peut vraiment commencer.
Oyarzabal offre le sacre à la Roja
Au bout de quelques minutes, on se rend surtout compte que ce pion est surtout le point de départ d’un véritable ascendant pris sur une formation anglaise à la déroute, dépassée dans tous les secteurs de jeu, qui va serrer les fesses à plusieurs reprises dans la foulée. Comme sur cette frappe trop croisée d’Olmo ou sur ce ballon (qui semblait non cadré) de Morata sauvé par John Stones. L’heure de jeu arrive, Gareth Southgate décide de sortir son capitaine et chat noir nommé Kane, et là aussi, cela coïncide avec du mieux côté anglais. À la suite d’une superbe inspiration qui oblige deux Espagnols à se percuter en mode autotamponneuse, Jude Bellingham décoche une frappe qui n’attrape pas le cadre. Southgate insiste, fait entrer son joker de luxe Cole Palmer, et une nouvelle fois, son instinct sera le bon.
À l’origine d’un contre éclair où il lance Bukayo Saka, le joyau de Chelsea et là pour placer une subtile frappe de l’intérieur du pied qui se fraye un chemin entre Robin Le Normand et Martin Zubimendi et termine au ras du poteau droit de Simon (1-1, 73e). Comme lors de la finale des Espoirs en 2023 qui opposait déjà les deux pays, Palmer est décisif et récompense l’Angleterre qui se met enfin à produire davantage de jeu. Mais l’Espagne n’a pas dit son dernier mot, et sur un magnifique jeu à trois entre Olmo, William et Yamal, l’ailier du Barça tombe sur un Pickford diablement décisif. Elle insiste, encore et encore, et reprend le chemin de la gloire pour un « une-deux » sur vingt mètres entre Mikel Oyarzabal et Marc Cucurella, conclu de près par l’ailier de la Real Sociedad (2-1, 86e). Cette Roja-là sait qu’elle a une bonne étoile au-dessus de sa cabeza, et l’ultime frisson anglais permettra de le vérifier de nouveau. Sur corner, Declan Rice place un coup de tête repoussé par Simon, puis Marc Guéhi voit Olmo repousser sur sa ligne la deuxième salve. François Letexier siffle la fin de la fête à la 94e minute, et au moment de faire les comptes, c’est bien le plus bel ambianceur de l’édition 2024 qui repart chez lui avec le sourire aux lèvres pour l’éternité.