Relativité salariale…Soodesh Callichurn condamne la position illégale et irresponsable de Business Mauritius
Le ministre du Travail, Soodesh Callichurn, n’a pas tarder pour donner la réponse à Business Mauritius, qui a demandé, ce lundi 23 septembre, à ses membres de maintenir un statu quo sur les salaires des employés. Dans une conférence de presse à son bureau, ce mardi matin, le ministre a vivement commenté cette démarche de l’association des patronats, qu’il a qualifié comme « illégale et irrésponsabilité ». Soodesh Callichurn de rappeler que leur mot d’ordre de contester les nouvelles grilles salariales annoncées par le gouvernement et ainsi les lois amendées et déjà en vigueur, revêt d’une infraction, qui suivra de lourde conséquence, en vertu de la loi. Il a lancé un appel pour que le patronat retourne à la raison et rectifie le tir.
Pour rappel, dans un courriel envoyé à ses 1 200 membres ce lundi 23 septembre, Business Mauritius a livré sa position suite aux « vives inquiétudes » de ces membre quant à l’implémentation de la relativité salariale et les conséquences sur leurs activités économiques et l’emploi. Selon eux, cette augmentation généralisée n’est pas conforme aux processus établis liés à une révision salariale. « Son application uniforme et son calendrier imposé ne tiennent compte ni des structures salariales existantes dans les entreprises, ni de leurs cycles de révision salariale, ni du fait qu’une majorité d’entre elles aient déjà implémenté les mesures de relativité. Cela affecte ainsi de manière structurelle l’équité et la cohérence des politiques de rémunération déjà en place » ont-ils fait ressortir.
La réponse du ministre est intervenue rapidement après… réunissant les journalistes au Victoria House, le lendemain matin, Soodesh Callichurn, a dénoncé cette démarche de Business Mauritius, qui souligne-t-il, cache un « hidden agenda ». Il a fait ressortir que vendredi dernier, un membre de Business Mauritius, dont il a gardé le nom secret, lui avait dit qu’un petit groupe de l’association avaient exprimer leurs inquiétudes concernant cette mesure. Et que pas plus tard que deux jours après, les dirigeants ont décidé de changer de fusil d’épaule de manière radical quant à la nouvelle loi. Il s’est questionné sur ce qui a pu se produire durant ces deux jours, pour arriver à ces nouvelles conclusions.
Par ailleurs, le ministre a expliqué qu’il existe une obligation légale de respecter le paiement de l’ajustement salarial. D’ajouter que personne ne peut aller à l’encontre, ni donner des instructions pour aller à l’encontre de cette loi. Dans ce cas présent, le ministère n’aura pas d’autres choix que de sévir et prendre des actions légales comme stipulé noir sur blanc dans la loi envers ceux qui ne respecteront pas la loi. « Pena personn ki kapav donn bann instruction pou pa respekte lalwa. La-mem pe komet enn deli. Se enn insitation! », met en garde le ministre Callichurn.
Soodesh Callychurn a aussi fait ressortir que cette instruction de Business Mauritius, pourrait également déboucher sur une situation d’instabilité dans le pays, avec la possibilité d’une grève généralisée, annoncée par les syndicats. En effet, la CTSP, est déjà monter aux créneaux, par rapport à la démarche de l’association des patronats, menaçant la possibilité d’une grève généralisée des travailleurs. « bann partner sosio ek bann sindika pa pou tarde pou montre zot coler et avec rezon » a averti le ministre.
Le ministre du travail a demandé, dans ce contexte, « à qui profite le crime ? ». Selon lui, il y a une stratégie bien roder derrière cette démarche de Business Mauritius, à la veille des élections général. Il a d’ailleurs fait ressortir qu’il y a plusieurs membres de Business Mauritius, qui sont proche de l’opposition et que leurs initiatives seraient calculées pour provoquer un soulèvement social. Il a lancé une mise en garde, affirmant que chacun devra prendre ses responsabilités.
Concernant la grille salariale, le ministre a expliqué qu’il y avait un problème urgent dans le pays pour adresser une distorsion salariale, par rapport à l’introduction du salaire minimum. Il a fait ressortir qu’il y a eu un long processus pour apporter les nouveaux règlements. Cela, dit-il, a été faits sous l’égide du State Law Office (SLO), qui a aidé et valider les changements suite à un exercice très pointu où chaque clause a bien été analysée.
Soodesh Callychurn a ajouté que le but du gouvernement est uniquement d’apporter un ajustement technique quant aux salaires des travailleurs. « Contrairement à ce que Business Mauritius veut faire croire, nous avons assuré qu’il y ait une justice sociale à une crise salariale. Il est faux de dire que le ministère n’a pas pris en compte les augmentations que les entreprises ont déjà octroyées aux travailleurs », déclare le ministre. Il rappelle qu’il est fait mention dans les nouvelles lois, que les dispositions ont été prises pour prendre en compte les augmentations déjà données par les entreprises à certains employés. Il faudra les déduire lors des réajustements de relativité salariale.
L’élu de la circonscription no5, a rappelé que le gouvernement était venu de l’avant pour soulager les employeurs, lorsque ces derniers étaient en difficulté pendant la période de Covid19, dans l’ultime but de sauver les emplois. D’ajouter que dorénavant que le pays a su se redresser et que les entreprises ont repris du galon, il est maintenant légitime de partager le gâteau national avec les travailleurs.
Le ministre a également précisé qu’il est faux de dire que le gouvernement ait agi de manière unilatérale. Il a expliqué que le ministère du Travail a toujours adopté une politique de porte ouverte, que ce soit envers la plateforme tripartite, les syndicats et les membres du patronat. « Le dialogue a toujours été là, de la genèse à la préparation du rapport sur la relativité salariale. Au cours des pourparlers sur l’augmentation du salaire minimum à Rs 23 000 pour les titulaires de diplômes et de Rs 25 000 pour les Degree Holders, il y avait des craintes. Nous avons expliqué dans quel contexte cela va s’appliquer. De même, le ministère a été au siège de Business Mauritius pour faire une présentation du rapport. Nous avons répondu à toutes les questions. Ce rapport a été préparé avec minutie depuis des mois et des mois en tenant compte des observations du patron et du syndicat avant de franchir l’étape cruciale de passer au Cabinet et d’être « gazetted ».
Le ministre a aussi accentué sur le fait que le gouvernement a toujours maintenu une bonne relation avec le patronat. Il a fait un appel à Business Mauritius pour qu’il se ressaisisse et a lancé un appel aux employeurs pour qu’il ne tombe pas dans ce piège. « Nous avons toujours eu une approche très cordiale avec Business Mauritius depuis 10 ans maintenant. Nous espérons que Business Mauritius rectifiera le tir. Les employeurs, nous vous demandons de bien faire attention pour ne pas tomber dans ce piège. Agissons de manière responsable, pour la paix et l’harmonie », conseille le ministre du Travail aux employeurs.
À noter que les nouveaux salaires, prenant effet de manière rétroactive à partir du mois de juillet 2024, doivent être appliqués à partir de ce mois, soit celui de septembre. La limite pour le paiement des arriérés des mois de juillet et août est fixée à décembre 2024. Les employés pourront alerter le ministère s’ils n’ont pas reçu leurs ajustements. Le ministère vérifiera les informations, fera des inspections et s’assurera que la loi soit appliquée.