Maroc-France : 11 milliards $ pour renforcer la coopération économique
Le roi Mohammed VI et le président Emmanuel Macron ont présidé lundi soir à Rabat la signature de 22 accords entre leurs deux pays, dans le cadre de la visite du président français au Maroc. Selon l’Élysée, les accords portent sur des investissements pouvant atteindre dix milliards d’euros (10,8 milliards $) dans plusieurs secteurs allant du transport aux énergies sans oublier l’agriculture.
Transport ferroviaire, maritime et aérien
Au-delà du symbole de réconciliation que représente pour les deux pays la visite du président français au Maroc, ce séjour est l’occasion pour les deux pays de revitaliser leur partenariat économique. Une quarantaine de chefs d’entreprises françaises fait ainsi partie de la délégation du président Macron.
À cette occasion, l’Office National des Chemins de Fer (ONCF) a paraphé un accord avec le groupe français Alstom pour lui acheter 12 à 18 rames pour son train à grande vitesse. L’accord a aussi une forte portée symbolique puisque la dernière visite du président Macron au Maroc remonte à l’inauguration du premier tronçon de cette ligne à grande vitesse Tanger – Kenitra en 2018.
Dans le cadre du développement du chemin de fer au Maroc, les ministres de l’Économie des deux pays ont également signé une déclaration d’intention relative à la coopération financière dans le secteur ferroviaire. Notons par ailleurs la signature d’un accord de fourniture d’appareils entre l’ONCF et la société Vossloh Cogifer, un des leaders mondiaux de l’infrastructure ferroviaire. Un accord a été signé entre l’ONCF et les sociétés Systra/Egis pour des prestations d’assistance à la maîtrise d’ouvrage des projets d’infrastructures de la LGV entre Kénitra et Marrakech.
Par ailleurs, le Maroc a également signé un accord avec le groupe Safran pour la construction et l’équipement d’un atelier de maintenance et de réparation (MRO) de moteurs d’avions LEAP. L’investissement total annoncé est évalué à près de 130 millions d’euros. Un protocole d’accord a aussi été signé entre CMA CGM, 3e armateur mondial, et Tanger Med, premier port à conteneurs d’Afrique. La collaboration entre ces deux groupes permettra de développer un terminal à conteneurs à Nador West Med pour un investissement d’environ 258 millions d’euros.
Energies renouvelables et transition énergétique
Dans le domaine des énergies renouvelables et de la transition énergétique, le Maroc a conclu une nouvelle série d’accords avec les entreprises françaises. Ainsi, EDF Renouvelables a signé avec l’ONEE un protocole d’accord relatif à l’extension de la deuxième phase du parc éolien de Taza, d’une capacité installée de 63 MW.
Un protocole d’accord a été signé entre le groupe OCP et l’Agence française de développement pour un projet de 350 millions d’euros. Ce dernier consistera notamment à soutenir la stratégie de décarbonation du groupe OCP au Maroc. Dans le même sens, l’OCP a signé un accord avec la société ENGIE relative à la transition énergétique. Il s’agira entre autres du renforcement de l’écosystème industriel local sur des projets comme l’hydrogène vert et l’électricité verte.
Il faut souligner que l’hydrogène vert est l’un des secteurs clés de la transition énergétique du royaume. En mars 2024, le gouvernement marocain a décidé d’affecter un million d’hectares au développement du secteur, dont 300 000 seront dans un premier temps mis à disposition des investisseurs nationaux et étrangers.
Plusieurs accords ont donc été signés en ce sens. L’un d’eux porte sur le développement de la filière hydrogène vert au Maroc, en partenariat avec les groupes TotalEnergies et Total Eren. En vertu du contrat préliminaire paraphé avec ces deux entreprises françaises sous l’égide du roi, le Maroc s’est engagé à mobiliser le terrain et à le réserver exclusivement à l’investisseur.
Notons que l’implication de la France dans le développement de la filière hydrogène au Maroc se fera aussi au niveau institutionnel, avec la signature d’un accord entre la ministre marocaine de la Transition énergétique et du Développement durable, Leila Benali, et la ministre déléguée chargée de l’Energie en France, Olga Givernet. Il porte sur le développement de la coopération dans le domaine des énergies renouvelables, du stockage de l’énergie et de la production d’hydrogène bas carbone.
Soulignons aussi la signature d’un protocole d’accord portant sur la création d’un Centre de recherche Franco-Marocain (CRFM) à vocation africaine. Pionnier sur le continent, ce centre sera consacré à la recherche et à l’innovation dans plusieurs domaines, dont les énergies renouvelables et l’hydrogène.
Un avenir radieux pour le partenariat économique Maroc-France
Les accords annoncés dans le cadre de la visite d’État d’Emmanuel Macron au Maroc s’inscrivent dans une longue tradition d’investissements français dans le royaume. En 2023, le stock des investissements directs de la France au Maroc avoisinait les 20 milliards d’euros, positionnant l’Hexagone comme le premier investisseur étranger du royaume. Près de 1300 filiales d’entreprises françaises sont présentes au Maroc, exploitant notamment des usines de construction et d’assemblage comme celle des constructeurs automobiles Renault à Tanger ou de Stellantis à Kenitra.
À fin 2022, la France est par ailleurs le troisième pays de destination des investissements directs étrangers (IDE) du Maroc, avec 8,3 % du stock total des IDE. Le Maroc est d’ailleurs en tête des investissements africains en France, représentant en 2022 environ 60 % de ces flux.
C’est dans le cadre du renforcement de ces investissements qu’un protocole d’accord a été signé lundi pour la création d’un accélérateur d’investissements Maroc-France doté d’un capital de près de 3 milliards de dirhams (304 millions $). Ledit accélérateur vise à stimuler l’investissement sur l’ensemble du territoire marocain. Les deux pays ont également annoncé la mise en place d’une joint-venture à 50/50 dédiée aux infrastructures durables et dotée d’un capital de 300 millions d’euros.
Tous ces nouveaux accords devraient consolider l’alliance économique entre les deux pays. Le cadre de coopération établi lors de cette visite du président Macron devrait ainsi permettre de renforcer les échanges économiques et d’accroître la compétitivité des deux économies sur la scène internationale.