En Afrique, les systèmes de paiement instantané ont traité 49 milliards de transactions en 2023 (rapport)
Malgré une croissance à deux chiffres du volume et de la valeur des transactions traitées au cours des cinq dernières années, aucun des 31 systèmes de paiement instantané actifs sur le continent n’a atteint un niveau d’inclusivité mature caractérisé par la prise en charge de tous les cas d’utilisation, la disponibilité de mécanismes de recours solides et de faibles coûts pour les utilisateurs finaux.
Les systèmes de paiement instantané (SPI) actifs en Afrique ont traité un record de 49 milliards de transactions d’une valeur globale de 1036 milliards de dollars en 2023, selon un rapport publié le 20 novembre par AfricaNenda, une organisation indépendante qui œuvre pour le développement des services financiers numériques sur le continent, en collaboration avec la Banque mondiale et la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique.
Intitulé « The State of inclusive Instant Payment Systems in Africa -SIIPS 2024 », le rapport indique que le volume des transactions traitées par ces systèmes a enregistré une croissance annuelle moyenne de 37% entre 2019 et 2023.
La valeur des transactions recensées a, quant à elle, enregistré un taux de croissance annuel moyen de 39% durant les cinq dernières années.
Le rapport, qui se base notamment sur des entretiens avec des acteurs du secteur, des experts en services financiers numériques, des Banques centrales ainsi que sur des enquêtes menées auprès des consommateurs, révèle que le continent comptait 31 systèmes de paiement instantané actifs en juin 2024 contre 32 au même mois de 2023. Il s’agit de 28 systèmes nationaux et 3 systèmes régionaux, en l’occurrence le Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS), le GIMACPAY (CEMAC) et le TCIB (SADC).
Entre juillet 2023 et juin 2024, deux nouveaux systèmes ont été lancés : KWiK en Angola et LeSwitch au Lesotho. Trois systèmes qui figuraient dans la base de données en 2022 et en 2023 ont été retirés de la liste, car ils ne répondaient plus aux critères d’inclusion requis au moment de la mise à jour de la base de données. Il s’agit de SYRAD (Djibouti), qui n’est pas pleinement opérationnel, de NamPay (Namibie), qui n’est pas disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 et 365 jours par an, et de Somalia Instant Payment Network, qui est en cours de modernisation, mais n’est pas encore pleinement opérationnel.
Sept pays (Egypte, Ghana, Kenya, Maroc, Nigeria, Afrique du Sud et Tanzanie) disposent de plusieurs SPI opérationnels, mais le Ghana reste le seul pays où les systèmes nationaux sont interopérables.
Au total, 26 pays africains comptent des systèmes de paiement instantanés, mais ce nombre devrait doubler dans les années à venir étant donné que 27 pays se préparent à lancer leurs propres SPI.
Le rapport indique d’autre part que les applications mobiles sont le canal le plus utilisé par les systèmes de paiement instantané en Afrique. Au moins 30 systèmes utilisent ce canal, qui offre une expérience utilisateur plus personnalisée et peut être confié à des fournisseurs de technologie tiers, y compris des fintechs.
Neuf systèmes progressent vers le stade d’inclusivité mature
Les protocoles USSD (Unstructured Supplementary Service Data) constituent le deuxième canal le plus répandu. 23 systèmes utilisent cette technologie qui offre l’avantage d’être accessible sur téléphones mobiles basiques, malgré des problèmes de sécurité liés à l’absence de cryptage des messages. Viennent ensuite les canaux à assistance humaine (par le biais de l’argent mobile et des agents bancaires) qui sont disponibles dans 21 SPI. Les solutions reposant sur les technologies de code QR, des points de vente (POS), des distributeurs automatiques de billets (DAB) et de la communication en champ proche (NFC) sont les canaux les moins utilisés.
Les 31 systèmes de paiement instantané répertoriés en Afrique sont répartis sur quatre catégories distinctes. II y a d’abord les SPI multi-domaines permettant notamment des interactions entre les comptes bancaires et les portefeuilles de mobile money. Ces SPI sont les plus nombreux (14 SPI au total). Les SPI d’argent mobile (9) occupent la deuxième marche du podium, devant les SPI bancaires (7). Il existe par ailleurs un seul système basé sur une monnaie numérique de Banque centrale (MNBC), en l’occurrence le eNaira au Nigeria.
Les SPI d’argent mobile traitent de loin le plus grand volume de transactions, tandis que les systèmes multi-domaines traitent les plus grandes valeurs. Ceux-ci ont vu la valeur des transactions traitées augmenter de 63 % entre 2022 et 2023, contre des hausses de 28 % pour les SPI bancaires et de 16 % pour les SPI d’argent mobile.
Sur un autre plan, tous les systèmes de paiement instantané prennent en charge les transactions de personne à personne (P2P) et 24 assurent des transactions de personne à entreprise (P2B), mais 12 seulement permettent des paiements de personne à gouvernement (P2G) comme les paiements d’impôts. 6 SPI seulement intègrent actuellement les paiements de gouvernement à personne (G2P) comme le versement des pensions de retraite ou de transferts sociaux, et 6 permettent des paiements transfrontaliers (Cross-border).
Le rapport souligne par ailleurs qu’aucun système de paiement instantané sur le continent n’a jusqu’ici atteint un niveau d’inclusivité mature qui se caractérise par une prise en charge de tous les cas d’utilisation, la mise en place de mécanismes de recours pour les consommateurs au-delà des exigences réglementaires et de faibles coûts pour les utilisateurs finaux.
Neuf systèmes progressent cependant vers le stade d’inclusivité mature. Il s’agit, entre autres, d’Instant Pay et Mobile Money Interoperability (Ghana), de GIMACPAY (CEMAC), de Natswitch (Malawi) et de National Financial Switch (Zambie). Ces systèmes s’approchent de l’état idéal dans le cadre duquel tous les cas d’utilisation sont intégrés, les coûts des transactions sont très bas et des mécanismes de recours transparents et efficaces existent. Douze systèmes africains de paiement instantané se situent à un niveau de base (prise en charge du canal le plus utilisé et fonctionnalité minimale pour les cas d’utilisation) alors que dix autres systèmes ne sont pas classés, car ils ne remplissent pas les critères de base de l’inclusivité, dont notamment l’intégration des cas d’utilisation P2B.