Le Zimbabwe s’engage à indemniser les fermiers blancs, étape clé pour alléger sa dette
Avec cette indemnisation, le pays espère regagner la confiance des investisseurs et entamer de nouvelles discussions avec les créanciers, facilitées par la BAD et l’ancien président mozambicain Joaquim Chissano, afin de restructurer sa dette – représentant 81% du PIB – et réintégrer le système financier mondial.
Le Zimbabwe a annoncé son intention de verser 331 millions de dollars à 439 anciens fermiers blancs expropriés dans les années 2000, une initiative destinée à redorer son image auprès des créanciers internationaux et à sortir d’une impasse financière vieille de deux décennies.
Cette mesure, confirmée ce lundi 25 novembre par le président de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, s’inscrit dans le cadre des discussions pour restructurer une dette nationale de 21 milliards de dollars, dont une majorité en arriérés. 12,7 milliards de dollars de ce total sont de la dette extérieure.
Les paiements pourraient débuter cette année, avec un budget initial de 35 millions de dollars prévu au titre de l’exercice, a précisé M. Adesina, lors d’une conférence sur la dette organisée dans la capitale, Harare. Ces compensations seront effectuées via des obligations, a-t-il ajouté, sans indiquer de calendrier précis.
La réforme agraire menée par l’ex-président Robert Mugabe, qui visait à redistribuer les terres détenues par des fermiers blancs à des populations noires, avait entraîné une chute drastique de la production agricole et isolé le Zimbabwe des financements internationaux. La décision d’indemniser les anciens propriétaires marque une rupture avec le passé et pourrait, selon les experts, faciliter les négociations avec des créanciers tels que la Banque mondiale, le FMI ou encore le Club de Paris.
Depuis l’année dernière, le président Emmerson Mnangagwa (photo) a intensifié les efforts pour rétablir la confiance des investisseurs. Il a mandaté Akinwumi Adesina et l’ancien président mozambicain, Joaquim Chissano, pour diriger les pourparlers. Le pays s’est également attaché les services de cabinets internationaux, comme Global Sovereign Advisory et Kepler-Karst, pour restructurer sa dette.
Toutefois, l’indemnisation des anciens fermiers suscite des critiques. Certains dénoncent une priorité donnée aux anciens fermiers blancs, alors que la majorité de la population zimbabwéenne fait face à des conditions économiques désastreuses. Pour M. Adesina, il s’agit d’un mal nécessaire. « Personne ne peut gravir une colline avec un sac de sable sur le dos. Nous devons corriger cette anomalie et donner un nouveau souffle au Zimbabwe ».
Avec une dette de 21 milliards de dollars, dont une grande partie en arriérés, le Zimbabwe reste exclu des financements des institutions multilatérales telles que la Banque mondiale et le FMI. Incapable de recourir aux marchés financiers internationaux, il dépend largement de sa Banque centrale pour financer ses besoins. Cette situation a engendré une inflation galopante et une détérioration continue des conditions de vie pour la majorité des Zimbabwéens.