Okonjo-Iweala prône un renforcement du commerce pour assurer la sécurité alimentaire mondiale



Dans le monde, le commerce est l’un des principaux moteurs de l’accroissement de l’offre alimentaire sur les marchés. Sur ces dernières années, les échanges globaux ont été affectés par plusieurs mesures de limitation des volumes de certains produits agricoles.

« On ne peut pas nourrir le monde sans le commerce, c’est un fait ». C’est ce qu’a martelé Ngozi Okonjo-Iweala (photo), directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en marge d’une rencontre avec le Pape François à Rome, le 14 décembre dernier.

La responsable qui a récemment rempilé pour un second mandat à la tête du gendarme du commerce mondial assure que le maintien des échanges permet la circulation des flux des produits agricoles et alimentaires. « Dans le monde, une calorie consommée sur 4 est échangée », rappelle-t-elle.

A l’échelle globale, le nombre de restrictions à l’exportation sur les produits agricoles et agroalimentaires est en hausse depuis 2020 d’abord dans la foulée de la pandémie de coronavirus et ensuite en raison de l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022.

Ces mesures visaient pour la plupart à faire baisser les prix à la consommation sur les marchés domestiques et à accroître l’offre alimentaire intérieure dans un contexte mondial d’incertitudes sur les chaînes d’approvisionnement.

Selon une étude du Groupe de réponse aux crises mondiales (GCRG) de l’ONU datant de juin 2022, 160 mesures avaient été prises pour réduire les échanges de produits alimentaires et d’engrais, ce qui concernait 17,3 % du total des calories échangées dans le monde.

Depuis lors la fièvre est retombée, selon le dernier rapport de suivi de commerce de l’OMC publié le 20 novembre dernier. Le document qui se penche sur l’évolution du commerce mondial entre la mi-octobre 2023 et la mi-octobre 2024 souligne que le nombre de restrictions à l’exportation visant des produits alimentaires, des aliments pour animaux et des engrais, appliquées depuis le début du conflit russo-ukrainien, s’établit désormais à 70. Par ailleurs, la valeur du commerce affectée par ces restrictions a été estimée à 11,8 milliards $ contre 29,6 milliards $ précédemment.

Globalement, le plaidoyer de Mme Okonjo-Iweala intervient alors que la prise de fonction de Donald Trump d’ici janvier prochain ravive les craintes d’un resserrement du commerce mondial en raison des politiques protectionnistes qui pourraient être mises en œuvre durant son mandat.

Il faut également souligner que la promotion du commerce mondial de produits agricoles s’inscrit dans un contexte où environ 733 millions de personnes pourraient avoir connu la faim en 2023, soit l’effectif le plus important depuis 17 ans, d’après la FAO.

Alors que la production alimentaire mondiale n’a jamais été aussi élevée, de nombreux observateurs soulignent que le commerce international est salutaire, mais encore insuffisant pour assurer la sécurité alimentaire mondiale.

Dans des zones comme l’Afrique où le niveau des droits de douane dans le secteur agricole reste encore modéré comparativement aux autres régions en développement, la prévalence de la faim reste la plus importante au monde avec 20,4 % de la population.

Face à ce constat, certains analystes soulignent que la libéralisation tous azimuts n’est pas une fin en soi sur le continent et ne doit pas faire oublier la nécessité d’assurer des politiques agricoles cohérentes adaptées aux spécificités de chaque pays d’autant plus que la majeure partie de la production agricole mondiale est actuellement vendue sur les marchés intérieurs.

Seulement 18 % de l’offre des céréales majeures (maïs, riz et blé) est commercialisée dans le monde, selon les données du Département américain de l’agriculture (USDA) compilées par l’Agence Ecofin.

Sur un autre plan, d’autres observateurs pointent du doigt, les effets pervers liés à l’ouverture des marchés mondiaux sur les systèmes agricoles des pays en voie de développement avec la concurrence des grandes exploitations américaines ou européennes qui bénéficient de subventions et d’aides directes à la production et menacent les économies rurales.

Posted by on Dec 17 2024. Filed under Actualités, Economie, En Direct, Featured, Monde. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. You can leave a response or trackback to this entry

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