Prison de Beau-Bassin… Qui a commandité le meurtre de John Mick Martingale?
- Qui sont ceux qui ont exécutés le contrat?
Il est quasiment impossible de se pendre dans une cellule de la prison de Beau-Bassin, surtout pour un détenu qui en est à sa première incarcération, qui n’y était pas depuis longtemps et qui ne connait pas les rouages et techniques dans la fabrication d’une corde suffisamment solide pour cet usage.
A moins d’avoir été aidé que ce soit dans la préparation et l’exécution de cet acte désespéré, pour ceux qui connaissent les lieux, la thèse de suicide par pendaison est quasi impossible.
Il faut savoir qu’à la prison de Beau-Bassin, que ce soit après l’ouverture des cellules le matin ou après le ‘lock-up’ l’après-midi, les clés sont gardées sous haute surveillance dans le bureau du haut-gradé. Même en cas d’urgence lorsqu’il s’agit d’un incendie ou un détenu malade qui doit être transporté à l’hôpital dans la nuit, les procédures pour l’ouverture d’une cellule sont très strictes.
Donc dans le cas de John Mick Martingale plusieurs zones d’ombres subsistent et des questions demeurent sans réponses. Les détenus sont gardés à trois ou quatre mais jamais à deux justement pour parer à toute éventualité et avoir un témoin disponible en cas de mort d’homme.
John Mick Martingale était-il seul dans sa cellule ? A quel moment de la nuit du 8 au 9 septembre remonte l’heure du décès ? Les gardes n’ont-ils rien remarqué pendant leur tournée ? A quelle heure ont-ils signalé le décès du détenu ?
John-Mick Martingale a été arrêté au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport alors qu’il revenait d’un voyage en Belgique le 29 octobre 2022. Il avait obtenu la liberté conditionnelle devant la Bail and Remand Court mais le bureau du Directeur des Poursuites avait interjeté appel contre cette décision. Une décision finale de la Cour Suprême était attendue le 9 septembre 2024, le lendemain de sa mort. La question qui se pose c’est pourquoi quelqu’un qui est en attente d’une libération très probable se laisserait-il aller à se suicider ?
Lors d’une conférence de presse, le samedi 18 janvier dernier l’avocat Rama Valayden a dénoncé les conclusions du rapport de l’autopsie pratiqué par le Dr.Ananda Sunnassee qui avait conclu au suicide par pendaison.
L’avocat a brandi une contre-expertise du Dr Sipho Mfolozi de Forensic Pathology Consutants (Pty) Ltd d’Afrique du Sud en date du 15 novembre de l’année dernière, qui conclut entre autres sur les points suivants ;
External signs of blunt-force trauma
Exteral signs of sharp-force trauma
Features consistent with suffocation by obstruction of the mouth and the nose
Feature consistent with neck-compression by arm-lock restraint technique
Featues of torture.
«No features of a natural cause of death. As a result of my observations, I concluded that the causes of death were : asphyxiation by smothering and arm-lock compression (unnatural death)», souligne le Dr Sipho Mfolozi dans son rapport de 42 pages.
Rama Valayden a fait une demande de Judicial Enquiry au bureau du Directeur des Poursuites Publiques et ne passe pas par quatre chemins pour parler de commando qui aurait procédé à l’élimination de John Mick Martingale dans sa cellule de la prison de Beau-Bassin. Il pointe un doigt accusateur contre la mafia liée au trafic de cocaïne.
Toujours est-il que si l’enquête est menée d’une façon professionnelle et minutieuse a la prison de Beau-Bassin il n’est pas difficile de trouver les coupables. Il n’y a qu’un seul accès pour pénétrer l’enceinte de la prison à moins qu’on escalade les murs. Tous les endroits sensibles sont couverts par les caméras CCTV qui en principe devraient fonctionner normalement.
Selon le rapport d’autopsie du Dr Sunnassee, John Mick Martingale se serait suicidé avec la bande élastique d’un boxer short. S’il est vrai qu’on peut étrangler quelqu’un avec ce matériel en étant a deux ou trois pour lui tenir les mains et les pieds, il est impossible de se pendre avec cet élastique et il n’existe aucun endroit approprie dans une cellule de la prison de Beau-Bassin pour l’amarrer et qu’il tienne solidement pour qu’un être humain puisse se pendre avec.
Au passage faisons le parallèle entre cette affaire et celle du policier Arvind Hurreechurn qui avait été retrouvé mort dans sa cellule, le 29 octobre 2016 au Moka Detetion Centre. Selon le rapport d’autopsie il se serait pendu au lavabo se trouvant dans sa cellule, ce qui est invraisemblable.
Nos sources indiquent que le policier était revenu de Madagascar avec trois kilos d’héroïne dans sa valise et non deux kilos, le 27 octobre 2016 et il avait été arrêté.
Arvind Hureechurn avait toutefois eu le temps de mettre la brigade anti-drogue sur certaines pistes avant son élimination.
C’est dans cette affaire que Seewoosing Dayal, Westley Jasmin et Edgar Joly ont été condamnés à des peines de 33 à 40 ans de prison par la Cour d’Assises.
Après l’arrestation d’Arvind Hureechurn, Westley Jasmin s’était rendu en Afrique du Sud mais il est ensuite rentré au pays après le décès du policier, il s’est fait arrêter peu après.