Inclusion socioéconomique et Multiculturalisme, Maurice perd-t-elle de sa splendeur ?
Le slogan ‘Unité dans la Diversité’ si souvent utilisé par nos politiciens lors des campagnes électorales, en public, resonne-t-il toujours dans notre pays sur le plan de l’inclusion socioéconomique de toutes les composantes de notre nation ?
Alors que dans son rapport sur Maurice en 1961, le Prix Nobel d’Economie, James Meade prédisait que la multiethnicité de notre pays était un des points qui allait nous empêcher de progresser, pendant des décennies depuis notre indépendance jusqu’à tout récemment, la réalité a été tout autre.
Contrairement aux prédictions de James Meade, Maurice a été souvent présentée, dans plusieurs études, par les spécialistes comme un modèle exemplaire de cohabitation culturelle parce que fondé sur les principes du multiculturalisme.
Cependant la question qui se pose aujourd’hui en 2025 se rapporte à l’état de ce multiculturalisme dans la prospérité et l’inclusion socioéconomique de toutes les communautés de notre pays.
Il n’y a pas de doute que le constat est alarmant dans plusieurs secteurs de la vie publique de notre car ce qui faisait jadis la gloire de Maurice dans, par exemple, le domaine du tourisme, s’estompe petit-a-petit. Il y a une certaine exclusion subtilement de tout ce qui se rapporte au développement de notre pays. Ce qui force certains à poursuivre leurs descentes aux enfers en vivant en marge de la société.
Le bel exemple est l’aéroport sir Seewoosagur Ramgoolam et la compagnie nationale d’aviation Air Mauritius, les vitrines de notre pays, censés refléter l’île Maurice arc-en-ciel dans toute sa diversité afin que le visiteur ressent dès le premier instant ce qu’est notre pays, et lui donne envie de découvrir encore plus.
Depuis bientôt une quinzaine d’années, l’aéroport international et Air Mauritius, qui se retrouve aujourd’hui aux soins intensifs, ne reflètent plus le multiculturalisme de notre pays tant au niveau des instances décisionnelles mais surtout opérationnels.
Le voyageur qui monte à bord du Paille-en-Queue, descend ensuite à Plaisance et qui prend un taxi pour se rendre à son hôtel, fait la désagréable expérience qu’il a été trompé sur la marchandise et qu’en fait, la diversité s’arrête à un certain seuil ici chez nous.
Ce n’est qu’à l’hôtel qu’il sera sans doute un peu compensé quand il aura le plaisir de faire vraiment l’expérience de la diversité culturelle de Maurice comme lui ont promis les organisateurs de son voyage.
Mais dès que son séjour prendra fin et qu’il prendra son taxi pour se rendre à l’aéroport et ensuite son vol pour rentrer chez, ce voyageur oubliera très vite que Maurice est un pays multiethnique car que ce soit à l’arrivée ou au départ. Une hégémonie visible est constante.
En revanche sur chaque vol d’Emirates Airlines, quinze ou plus de nationalité se côtoient en termes de hôtesses de l’air, de stewards ou du personnel naviguant. Sans compter qu’ils parlent jusqu’à une vingtaine de langues.
Alors qu’au temps de sir Gaëtan Duval, la diversité culturelle figurait au rang des priorités nationales car il s’agit des fondements du multiculturalisme mauricien.
Année après année les membres du gouvernement se ruent devant le comité des Nations Unies contre la discrimination raciale pour faire part des rapports préparés par les fonctionnaires sur le sujet. Mais dans la réalité, la situation ne s’améliore point. L’accès à la fonction publique reste une grosse interrogation. La dégradation de la situation sociale liée à la drogue en est intrinsèquement liée.
Pas la peine de revenir sur les nominations sous n’importe quel gouvernement, la composition des hautes sphères de la fonction publique et autres corps paraétatiques, le fait demeure que les discours et actions des politiques, dans l’Opposition sont une chose mais une fois au pouvoir, c’est une autre paire de manche.
La situation dans le secteur touristique dévoile cette dégradation mais elle est généralisée à d’autres secteurs. Par exemple dans le domaine du syndicalisme où on est loin du temps d’Emmanuel Anquetil, qualifié de Père du syndicalisme Mauricien, par non moins que feu James Burty David, ancien pédagogue et Président du Parti Travailliste. Cherchez l’île Maurice plurielle au sein des syndicats c’est comme chercher les six numéros du loto chaque semaine. C’est impossible.
Avec un système démocratique hautement ethnicisée c’est tout le multiculturalisme qui perd du terrain et c’est Maurice qui perd de sa splendeur. Personne ne doit laisser la situation s’empirer.