Historique…le Royaume-Uni signe un accord de restitution de l’archipel des Chagos à l’île Maurice avec un bail annuel de Rs 10 milliards
Le Royaume-Uni a signé jeudi un accord « historique » pour rétrocéder à l’île Maurice l’archipel des Chagos, tout en prévoyant le maintien d’une base militaire américano-britannique sur l’une des îles, dans cette région stratégique de l’océan Indien.
J’ai signé un accord pour sécuriser la base commune Royaume-Uni–États-Unis sur Diego Garcia. C’est absolument essentiel pour notre défense et notre renseignement, et donc pour la sécurité du peuple britannique, a déclaré le premier ministre Keir Starmer peu après une décision de justice ouvrant la voie à cet accord.
Le Premier ministre mauricien, Navin Ramgoolam, a salué une grande victoire, estimant que l’île a ainsi terminé le processus de décolonisation qui a commencé avec l’accession de l’île à l’indépendance en 1968. Mo tenir a remercie tou dimune kin lager pour sa combat la… ena SSR d’abord, apres sa in gagne deux Chagossiennes, nou camarad Olivier Bancoult, le MMM et surtout nou kamarad Paul Bérenger kin continyer sa lalit la », a soutenu le Dr Navin Ramgoolam
Le Premier ministre s’adressait à la presse après la signature de l’Accord des Chagos. Il a souligné l’Article premier du traité, que le Royaume-Uni reconnaisse la souveraineté de Maurice sur l’ensemble des Chagos, incluant Diego Garcia. Il a ajouté : « C’est ene grande victoire pour nous et la nation mauricienne, li complète sa processus de décolonisation qui ti commencé en 1968 ».
Cet accord prévoit que le Royaume-Uni dispose d’un bail de 99 ans sur Diego Garcia – avec une option de prolongation – moyennant le paiement annuel de 101 millions de livres, soit 3,4 milliards de livres au total. On parle d’un bail de Rs 10 milliards annuellement.
Le dirigeant travailliste a martelé qu’il n’y avait pas d’autre option et que cet accord était le seul moyen de maintenir la base à long terme.
Il a également rappelé le caractère stratégique de cette base, utilisée notamment comme plaque tournante pour les bombardiers et les navires à longue portée pendant les guerres en Afghanistan et en Irak.
Le port, l’aérodrome et ses capacités avancées de communication et de surveillance offrent au Royaume-Uni et à ses alliés des capacités stratégiques cruciales, détaille le communiqué de Downing Street.
Le secrétaire d’État américain Marco Rubio a salué sur X un accord qui assure une exploitation à long terme, stable et efficace de la base de Diego Garcia essentielle pour la sécurité régionale et mondiale.
Acte d’automutilation
À l’inverse, la cheffe de l’opposition conservatrice Kemi Badenoch l’a qualifié d’acte d’automutilation qui va exposer [le Royaume-Uni] à la Chine et ignore la volonté du peuple chagossien.
Cet accord avec l’île Maurice, fruit de plusieurs années d’intenses négociations, met fin à plus d’un demi-siècle de litige.
Les États-Unis paieront les coûts d’exploitation de la base, qui sont beaucoup plus élevés que ceux que nous prenons en charge, a précisé le locataire du 10 Downing Street. Londres avait accepté en octobre le principe de cet accord qui reconnaît la souveraineté de l’île Maurice sur l’archipel des Chagos.
La signature devait initialement avoir lieu jeudi matin, mais a été retardée en raison d’un recours en justice déposé par deux Chagossiennes.
Bernadette Dugasse et Bertrice Pompe accusaient notamment le gouvernement britannique d’avoir pris cette décision importante sans consultation et mettaient en doute la capacité des autorités mauriciennes à agir dans leur intérêt étant donné le mauvais traitement réservé aux Chagossiens. Elles ont été déboutées de leur demande.
Aujourd’hui est un jour très triste, a réagi Bertrice Pompe à l’issue du jugement.
L’Opposition à Maurice jubile et salue la contribution de SAJ
“L’accord sur la souveraineté sur l’archipel des Chagos est un moment historique pour notre pays. C’est un travail de longue haleine depuis l’indépendance, impliquant tous les gouvernements, qui a porté ses fruits. Aujourd’hui nous pouvons enfin tourner la page sur le colonialisme et revendiquer fièrement notre souveraineté sur tout le territoire Mauricien. J’ai une pensée spéciale pour Sir Anerood Jugnauth qui, tel un vrai patriote, avait revêtu à nouveau sa robe d’avocat pour mener un dernier combat devant la cour internationale de justice; ce qui avait marqué un tournant décisif dans la lutte pour notre souveraineté. Nous devons aussi remercier Pravind Jugnauth qui a négocié avec les anglais pendant 2 ans.Chacun d’entre nous doit aujourd’hui se sentir fière d’être Mauricien. Vive notre République !”, écrit le leader de l’Opposition, Joe Lesjongard sur sa page Facebook.
Tout comme l’ancien Premier ministre et leader du MSM, Pravind Jugnauth, qui affirme: “C’est avec ene grand l’émotion ki mo pé accueillir signature ene l’accord entre Royaume Uni et Maurice suite à l’accord politique ki mo ti signer avec Sir Keir Starmer le 3 octobre 2024. Mo éna ene pensée spéciale pou courage Sir Anerood Jugnauth, li finne gagne ene jugement historique avec la Cour Internationale de Justice. Mo aussi éna ene pensée pou nou banne sœurs ek frères Chagossiens contre ki ti faire ene crime atroce. Mo dire merci mo banne collègues dans ancien gouvernement et mo l’équipe ki ti avec moi dans banne négociations ki mo fine éna pendant 2 ans avec 3 Premier ministres Britanniques. Azordi c’est ene zour historique et mo pli grand souhait c’est ki nou République contigner développer et ki réparation ki nou pou gagner servi kouma mo ti éna l’intention faire li, c’est à dire nou mette li au service de nou population mauricienne et de nou banne sœurs ek frères Chagossiens.”
Diego Garcia, la plus grande île de l’archipel des Chagos.
Diego Garcia, la plus grande île de l’archipel des Chagos et le site d’une importante base militaire au milieu de l’océan Indien.
Près de 60 ans après l’indépendance
Dans sa saisine du tribunal, elle avait affirmé vivre en exil depuis son expulsion forcée de l’archipel entre 1967 et 1973. Selon elle, cet accord compromet les droits limités dont elle jouit actuellement, dont la garantie de pouvoir aller à Maurice sans encombre.
Une cinquantaine de membres de la communauté chagossienne s’étaient rassemblés devant la Haute Cour de Londres pour protester contre l’accord.
Certains brandissaient leur passeport britannique, d’autres des pancartes. Sujets britanniques traités comme des citoyens de seconde zone, pouvait-on lire sur l’une.
La finalisation de l’accord a été ralentie par l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche et un changement de premier ministre à l’île Maurice.
L’administration Trump a d’abord critiqué cet accord, estimant qu’il favorisait la Chine, un allié de l’île Maurice. Toutefois, le président américain a finalement annoncé début avril l’approuver.
Londres a conservé le contrôle des îles Chagos lorsque l’île Maurice a obtenu son indépendance du Royaume-Uni en 1968. Environ 2000 habitants de l’archipel ont été expulsés dans les années suivantes, notamment de Diego Garcia, où est installée la base militaire.
En 2019, l’Assemblée générale de l’ONU avait demandé au Royaume-Uni de rétrocéder sous six mois à l’île Maurice l’archipel des Chagos, après une décision dans le même sens de la Cour internationale de justice quelques mois auparavant.












