Meurtre de Vanessa Lagesse : Le procès intenté à Bernard Maigrot se poursuit la semaine prochaine
Anne Rogers, sa sœur aînée : « Vanessa était terrorisée »
Le Dr Satish Boolell : « Elle portait une marque au niveau du cou »
Le procès de Bernard Maigrot pour le meurtre de la styliste Vanessa Lagesse en 2001 a repris cette semaine en cour d’assises. Présentée devant le juge Luchmyparsad Aujayeb la semaine dernière, l’affaire a recommencé à zéro ce mercredi 29 mai 2024 en raison d’un juré malade qui a dû être remplacé. Après avoir présenté à nouveau leur discours d’ouverture devant le jury, les avocats de la poursuite et de la défense ont pu continuer avec l’audition des témoins. Plusieurs personnes ont été entendues, parmi la sœur de la victime Anne Rogers et la cousine de Vanessa Lagesse, Martine Lagesse.
Le jardinier de la victime et plusieurs policiers chargés de surveiller sa maison après la découverte de son corps ont également été appelés à témoigner.
Lors de la séance de ce mercredi 29 mai, le procès a été marqué par ces événements inattendus. Alors que la semaine dernière, un membre du jury était souffrant et a été remplacé par un autre. Un autre membre du jury est tombé malade, ce jour-là et a été hospitalisé. Le jury a donc dû être une nouvelle fois constitué. Ainsi, Mᵉ Darshana Gayan, Senior Assistant au bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP) et Mᵉ Gavin Glover, Senior Counsel, qui défend Bernard Maigrot, ont dû présenter leur Opening Speech à deux reprises à l’intention des membres du jury. La première fois étant la semaine dernière.
Me Darshana Gayan, qui représente les intérêts du bureau du Directeur des Poursuites Publiques (DPP), a expliqué que le dossier de la Poursuite est fondé principalement sur des « Circumstantial Evidences ». Me Gavin Glover, avocat de Bernard Maigrot a lui soutenu que son client est innocent tout en soulignant le fait qu’il n’y a pas de preuves directes qui puissent l’incriminer. Une représentante du bureau du DPP et le « Court Manager » de la cour de District de Mapou ont été également entendus ce mercredi concernant les dossiers dans cette affaire. Bernard Maigrot a plaidé non coupable.
Auditions des témoins
L’affaire a ensuite continué avec l’audition de divers témoins, dont une fonctionnaire du DPP qui a présenté une lettre certifiant la réception du dossier de l’enquête préliminaire de 2003. L’ancien greffier de la Cour de district de Rivière-du-Rempart a également témoigné de la tenue d’une enquête préliminaire entre 2005 et 2007 et de la transmission du dossier au DPP. Bernard Maigrot a plaidé non coupable.
La sœur cadette
Les autres personnes entendues ont été Martine Lagesse, cousine de Vanessa Lagesse et Anne Rogers, la sœur aînée de la styliste assassinée. Appelée à la barre des témoins, Anne Rogers a indiqué qu’elle désapprouvait la relation entre Bernard Maigrot et sa soeur. « J’étais la dernière personne à être au courant de cette relation. C’était en 1999 », a-t-elle indiqué. Elle a fondu en larmes en parlant de la relation entre sa sœur et Bernard Maigrot. « Cette relation était très compliquée. Vanessa était très perturbée par cette relation. Elle m’avait mise au courant de la situation à travers des e-mails qu’elle m’avait adressés ».
Répondant aux questions de Mᵉ Gayan, Anne Rogers a déclaré que sa sœur était sous l’emprise de Bernard Maigrot. « C’était très difficile pour elle. Les deux dernières semaines avant sa mort, Vanessa était terrorisée. Elle était devenue maigre. Nous étions tous concernés par son état de santé », a-t-elle déclaré. « Ma mère m’a appelée pour m’informer qu’il y avait un problème avec Vanessa. Elle pleurait. Plus tard, mon beau-père m’a annoncé la mauvaise nouvelle. Vanessa était morte. J’étais à Moka. Je suis venue directement sur les lieux du crime », dit-elle. « C’était vraiment effrayant », a-t-elle expliqué. Mᵉ Gavin Glover a lu un extrait de la déposition d’Anne Rogers à la police. « Je n’ai aucune idée qui pourrait commettre ce crime ». Anne Rogers a reconnu avoir tenu ces propos.
La cousine confidente
Pour sa part, Martine Lagesse a déclaré que Vanessa était très proche d’elle. « Nous nous rencontrions souvent. À chaque fois que je venais passer des vacances à Maurice, je la rencontrais ». Vanessa était une styliste réputée. Elle était célibataire et vivait seule. Elle a connu Barnard Maigrot socialement. Ce témoin a soutenu avoir rencontré Vanessa Lagesse pour la dernière fois au début de 2001. Elle lui a parlé la dernière fois le 7 mars 2001. Elle a appris la triste nouvelle d’Anne Rogers par téléphone. « Vanessa Lagesse m’a toujours dit que si elle mourait un jour, il faudrait l’incinérer », a-t-elle souligné.
Le jardinier
Le jeudi 30 mai 2024, Jayraz Sookun, le jardinier de Vanessa Lagesse, et plusieurs des policiers chargés de surveiller le domicile de la styliste après la découverte de son corps, ont été appelés à témoigner. Tous les officiers de police ont confirmé qu’aucune personne non autorisée n’avait eu accès au bungalow après l’ouverture de l’enquête de police. Quant au jardinier, Jayraz Sookun, il affirme que c’est lui et un ami de Vanessa Lagesse, qui ont fait la macabre découverte le 10 mars 2001.
Dans son récit, Jayraz Sookun a déclaré qu’il s’est rendu chez Vanessa Lagesse le 10 mars 2001 pour laver sa voiture. Ce jour-là, la styliste n’est pas sortie de son bungalow, contrairement à son habitude. Il ajoute qu’il a entendu le bruit de l’eau couler dans la salle de bains quand il est allé récupérer le tuyau d’arrosage et qu’après avoir lavé le véhicule, il a quitté les lieux. Il devait ce jour-là rencontrer Vanessa Lagesse à 14 heures, en compagnie d’un maçon, mais elle n’est jamais venue au rendez-vous. Plus tard, il est retourné au bungalow pour lui remettre un reçu de la part du maçon. C’est à ce moment, en compagnie d’un Allemand qui connaissait Vanessa Lagesse, qu’il est entré dans le bungalow. « Lakaz la ti an dezord », dit-il.
Arrivés à la salle de bains, ils ont trouvé Vanessa Lagesse dans la baignoire, « la tête baissée ». L’eau coulait toujours. L’Allemand, dit-il, a touché la tête de la victime et ils ont compris qu’elle était morte. Ils sont ensuite sortis pour avertir les proches de la défunte. Une bougie était allumée dans la maison. Il est resté dans la demeure jusqu’à l’arrivée des policiers.
Le Dr Satish Boolell
Ce vendredi matin, le 31 mai, l’audition des témoins de la poursuite a repris en Cour suprême, avec le Dr Satish Boolell, médecin légiste d’alors, qui avait pratiqué l’autopsie de la victime. Dans sa déposition, il a affirmé que Vanessa Lagesse présentait de multiples blessures sur plusieurs parties du corps, dont une marque de ligature au niveau du cou. Selon le médecin, cette blessure a été causée alors que la victime était encore en vie. Le Dr Satish Boolell a affirmé ne pas pouvoir dire avec certitude si le meurtre a été commis par une ou plusieurs personnes.
Rappelons que Bernard Maigrot, âgé de 62 ans, homme d’affaires, est accusé de ‘Manslaughter’ sur la personne de Vanessa Lagesse, en infraction avec le Code pénal, 23 ans après que cette dernière a été retrouvée morte dans son bungalow à Grand-Baie, soit le 10 mars 2001. Le prévenu plaide non coupable.